J’ai su que je voulais être Doula environ un an après la naissance de mon premier fils. Je ne sais plus bien comment cela s’est produit. Un enchaînement de choses. De circonstances. Mais je sais bien pourquoi cela s’est produit. Je suis devenue mère. J’ai découvert une autre façon de voir la vie, de voir les gens. Comme si deux yeux supplémentaires étaient apparus sur mon visage, un pour chaque côté de ma tête. Pour m’offrir une vision plus latérale. Et plus large.
Je me suis aussi découverte, moi. Comme si un cinquième oeil était cette fois apparu à l’intérieur de moi. Un oeil scrutateur, interrogateur, un oeil tout nouveau, sans historique ni apriori, qui me forçait à me voir autrement. A me montrer que je pouvais être autrement.
Ce nouveau regard m’a montré une autre voie que je n’avais jusque là jamais envisagée – ni remarquée. Une voie où je me trouvais au côté des femmes, sur leur propre chemin, en route vers leur propre maternité. Je m’étais plus d’une fois trouvée très seule sur ce chemin. Perdue face à mes nouvelles émotions. Désemparée de me découvrir vulnérable. J’avais envie d’offrir aux femmes ce qui m’était apparu comme primordial, dans la construction, l’évolution de soi sur ce parcours de maternité : une présence fiable et rassurante. Qui entourerait sans étouffer. Qui procurerait des pistes sans rien imposer. Qui informerait, ouvrirait le champ des possibles. Qui écouterait vraiment, accueillerait chaque histoire, chaque doute, chaque question, avec un intérêt authentique et sans aucun jugement.
Alors j’ai décidé de me former en tant que Doula.
Voici quelques lignes tirées d’un “journal” que je tenais à l’époque et qui datent de quelques semaines avant le début de ma formation :
“Je sens que je suis vraiment à la croisée des chemins. Je vais en emprunter un, mais je ne sais pas lequel. Il y a bien sûr celui qui mène vers “Doula” mais ce n’est pas un chemin à but unique. Ce genre de chemin n’existe pas. Il peut être indiqué “Rome”, et vous irez à Rome. Mais ça ne dit pas ce que vous ferez à Rome. A quel restaurant vous mangerez. Dans quel endroit vous dormirez. Ce que vous visiterez ou qui vous rencontrerez. Ni tout ce que vous ferez ou rencontrerez en chemin. Mon chemin indique “Doula” mais il y a aussi des inscriptions en italique, tout petit, en dessous. J’ai du mal à déchiffrer, le panneau est encore un peu loin et j’ai le soleil dans les yeux. Il faudrait que je m’approche un peu plus près et peut être la direction m’apparaitra un peu plus clairement. Ou alors je la devinerai un peu plus loin sur le chemin. “
Aujourd’hui, je vois plus clairement mon chemin mais il reste encore plein d’inconnues, et c’est cela qui fait sa beauté. Je travaille activement à le façonner et cela le rend d’autant plus beau.